Le 8 mars n’est pas une fête, mais une journée de commémoration et de lutte pour les droits des femmes du monde entier. Ce n’est pas un jour de cadeaux, mais un jour de réflexion sur le fait que l’égalité des chances et la liberté par rapport à la violence basée sur le genre sont encore loin pour la plupart des femmes et des jeunes filles : les récentes données [1] sur l’augmentation de la disparité entre les hommes et les femmes dans le monde du travail en raison de la crise liée aux effets de la pandémie révèlent l’importance de ne pas seulement réfléchir, mais également d’agir.

 

 » Le 8 mars n’est pas une fête, mais une journée de commémoration et de lutte pour les droits des femmes du monde entier. « 

 

Chez Helpcode, nous œuvrons chaque jour en Italie et dans les pays au sein desquels nous intervenons : Tunisie, Libye, Mozambique, Yémen, Népal, Cambodge. Nous souhaitons profiter des observations reçues dans les commentaires à notre publication pour réfléchir sur ce que nous faisons pour améliorer l’accès des femmes et des jeunes filles aux droits et, également, pour les mettre en condition de réclamer leurs droits. Les petites filles, les jeunes filles et les femmes qui participent à nos interventions ne sont pas les militantes en faveur des droits souvent célébrées à l’occasion de la Journée internationale des femmes : elles sont souvent, au contraire, invisibles : il s’agit des femmes et des fillettes dont les vies se reflètent dans des statistiques qui révèlent de temps à temps la disparité entre les sexes dans l’accès à l’éducation, aux technologies, aux possibilités de travail décent, à l’information, aux ressources, aux droits de base.

 

Que faisons-nous, donc ? L’un des objectifs stratégiques de Helpcode est d’améliorer les conditions de vie des petites filles et des petits garçons, en luttant contre les pratiques discriminatoires et les stéréotypes de genre. À cette fin, nous adoptons l’approche dite à « double voie » [2] : c’est-à-dire en réalisant, d’une part, des initiatives dont l’objectif principal est l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes et des petites filles et, d’autre part, en garantissant qu’au sein de tous nos projets ces thèmes revêtent un caractère transversal [3] – c’est le cas, par exemple, de certains projets de développement agricole en cours au Mozambique, qui se basent sur une analyse approfondie de la manière dont les relations et les dynamiques de pouvoir basées sur le genre influent sur la gestion du temps que les femmes consacrent au travail à la maison et au travail à l’extérieur, et par conséquent sur leur disponibilité et leur capacité à participer activement au sein des associations de petits producteurs agricoles. Dans ce cas, donc, pour faire en sorte que les femmes « ne soient pas laissées de côté » [4] nous mettons en œuvre une série d’actions afin de garantir la participation active des femmes dans toutes les activités – par exemple, en fournissant aux associations des moulins, qui permettent d’« économiser » le temps que les femmes auraient passé à moudre, à la main et avec des instruments traditionnels, le maïs, qui constitue la base de l’alimentation des familles. Mais ces actions pratiques s’accompagnent aussi d’un travail constant de réflexion auquel prennent part tous les membres des associations, hommes et femmes, afin de promouvoir un changement non seulement pratique, mais également social, en accord avec une approche soucieuse de faire évoluer favorablement les inégalités de genre, à laquelle la participation des hommes est fondamentale.

 

Contadine mozambicane lavorano in un campoAgricultrice en Maringue (Mozambique)

 

Les hommes doivent comprendre les barrières auxquelles les femmes font face pour augmenter et améliorer leur productivité agricole : leurs rôles multiples et le fardeau du temps, l’insécurité de la propriété foncière, le niveau inférieur d’éducation et le manque d’accès à la connaissance de nouvelles techniques et technologies agricoles [5]. En particulier, les hommes doivent être encouragés à respecter les rôles multiples des femmes, dont nombreux d’entre eux sont sous-évalués et non rémunérés [6].

 

Le résultat de ce type d’approche va en règle générale au-delà du projet : ouvrir un dialogue sur ces thèmes crée des espaces de participation, favorise la discussion sur comment des normes sociales discriminatoires ont des répercussions également sur la capacité des femmes à participer activement aux activités de production et à faire des choix éclairés sur leur vie, et sur la manière dont ces barrières – si elles ne sont pas surmontées – ont des effets négatifs sur tous les membres de la famille, y compris les enfants.

 

Au contraire, nous voulons montrer par notre travail quotidien, sur le terrain, que les droits des femmes et des petites filles sont des droits de l’Homme et qu’une plus grande égalité entre les sexes profite à tous : reconnaître et promouvoir les droits des femmes ne doit pas se faire au détriment de ceux des hommes. Il reste encore énormément à faire, aux quatre coins du monde, et comme nous le savons bien, les conséquences de la pandémie ont été amplifiées pour les femmes dans le monde entier. Au cours de ces semaines où le Mozambique, après une année entière de fermeture, rouvre enfin ses écoles, nous cherchons à analyser les tendances de participation scolaire, afin de comprendre si – comme le souligne l’UNICEF [7] – le risque que de nombreuses petites filles ne soient pas retournées sur les bancs de l’école se vérifie. Entre temps, nous avons mis en œuvre une campagne de sensibilisation avec les commissions scolaires, commencé à réorganiser les cantines et à distribuer des fournitures scolaires pour encourager la participation. Mais la pauvreté rurale, exacerbée par le COVID-19, peut avoir amené les familles à prendre des décisions préjudiciables pour les droits des petites filles, comme les offrir en mariage – souvent en échange de nourriture ou pour rembourser une dette.

 

 » reconnaître et promouvoir les droits des femmes ne doit pas se faire au détriment de ceux des hommes » 

 

Voilà, nous sommes conscients que le 8 mars n’est pas une journée de fête. Toutefois, nous avons un vœu : il s’adresse à toutes les petites filles et à toutes les femmes avec qui nous travaillons, pour que leurs voix soient entendues – en famille, à l’école, dans les associations de producteurs – et que leurs besoins soient pris en considération, et pour que puissent être créés des espaces d’action, de liberté et d’égalité, partout dans le monde.

 

 

 

[1] https://www.istat.it/it/files//2021/02/Occupati-e-disoccupati_dicembre_2020.pdf

[2] Voir en référence les Linee Guida sull’Uguaglianza di Genere e l’Empowerment di Donne, Ragazze e Bambine (Lignes directrices sur l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes, des jeunes filles et des petites filles) (2020-2024) de l’Agenzia Italiana per la Cooperazione allo Sviluppo: https://www.aics.gov.it/wp-content/uploads/2020/12/LINEE_GUIDA__FINALE_041220.pdf

[3] Ces deux types d’interventions répondent respectivement aux marqueurs de l’égalité homme-femme 2 et 1 du CAD-OCDE : https://www.oecd.org/dac/gender-development/Sida_toolbox_gender_equality_policy_marker.pdf

[4] Comme établi par le programme 2030 : https://unsdg.un.org/fr/2030-agenda/universal-values/leave-no-one-behind

[5] Des barrières qui sont la conséquence de discriminations sociales et, dans certains cas, également réglementaires.

[6] https://ec.europa.eu/international-partnerships/system/files/gender-transformative-approaches-in-a-rural-world-brief-20190412_en.pdf

[7] https://www.unicef.org/mozambique/media/2531/file/The%20Impacts%20of%20COVID-19%20on%20Children%20in%20Mozambique%20.pdf